II.
LES ARMES MÉDIÉVALES
1 - Les Armes de Tir
C - PIERRIÈRES et CATAPULTES
Les Pierrières furent en usage depuis plusieurs siècles avant l'Ere Chrétienne en Extrême-Oient en général, et en Chine et au Đại-Việt en particulier. Elles se composèrent de deux Armes de Tir :
A) Les Armes de Tir dérivant des Arbalètes - Elles seront ensuite utilisées par les Grecs sous le nom de Katapeltes (Kαταπέλτης) derivé de κατά – kata « transpercer » et de πάλλω – pallo « bouclier » et par les Romains sous le nom de Ballista.
À l'origine, le mot « Katapeltes = catapulte » désigne un engin lanceur de flèches, alors que le terme «Ballista = Baliste » fait référence à une machine qui lance des pierres, mais la signification des deux termes a été intervertie à partir du IVe siècle de notre ère, obscurcissant encore de nos jours la terminologie.
Baliste Romaine dérivant des Arbalètes |
Catapulte Romaine dérivant des Arbalètes |
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B) Les Armes de Tir dérivant des Pierrières - En suivant la Route de la Soie, les Pierrières furent parvenues au Proche-Orient et au Moyen-Orient pour participer aux guerres saintes entre Musulmans et Chrétiens. Ainsi, les Pierrières apparurent en Europe au XIe siècle.
Avec le temps, ces Pierrières furent perfectionnées.
L'on ajouta un contre-poids à l'extrêmité de la verge qui était tirée, et cette Pierrière est appelée Bricole en France.
Le principe d'usage du contrepoids furent appliqué et amélioré depuis le XIIe siècle afin de fabriquer des catapultes plus puissantes pour assiéger les fortifications : ce furent des Catapultes nommées Trébuchet et Mangonneau en France.
Ces Catapultes comprennent plusieurs catégories :
1. Pierrières à Cordes de Traction :
Cette catégorie de Catapulte utilisant des cordes de traction pouvait projeter un boulet de pierre taillée pesant de 3 Kg à 12 Kg, avec une cadence de tir d'un boulet à la minute, parfois projetant même toute une volée de cailoux. La distance de tir atteint 40 à 60 m avec 6 à plus de 8 servants.
Pierrière utilisant des cordes de traction |
Cinq Pierrières réunies |
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Au Château de Calmont d'Olt des essais à 12 adultes ont permis d'envoyer 1 kg à plus de 80 mètres avec une cadence de tir d'un projectile toutes les 30 secondes.
Pierrière utilisant des cordes de traction (Crédit Photo : J.-L. Chedal) |
Pierrière utilisant des cordes de traction |
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2. Catapultes à Contrepoids
Cette catégorie de Catapultes utilisant du contrepoids comprennent Quatre sortes de Catapultes :
A) Catapulte dite « Bricole »
A l'extrêmité de la verge, où sont fixées des cordes de traction, un contrepoids est ajouté pour faciliter la manœuvre et pour compenser le poids du projectile. Il s'agit-là de la plus ancienne Catapulte utilisant un contrepoids, appelée Bricole en France.
Catapulte "Bricole" utilisant des cordes de traction |
Catapulte "Bricole" utilisant des cordes de traction |
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Cette Catapulte Bricole pouvait projeter des boulets de pierre taillée pesant de 20 Kg à 60 Kg, avec une cadence de tir d'un projectile à la minute. La distance de tir atteint 80 m avec environ 10 servants.
B) Catapulte dite « Trébuchet »
On pense que les premiers Trébuchets à traction ont été utilisés - à l'Epoque des Royaumes Combattants - par les Mohistes en Chine dès le Ve siècle av. J-C. on peut en trouver des descriptions dans le Traité philosophique de Mo Zi 墨子 (479-391 av. J.-C.) dont le vrai nom était Mo Di (墨翟 - Mặc Ðịch).
Le Trébuchet dérive de la Fronde antique. Une variante de la Fronde comportait une pièce de bois pour allonger le bras et exercer la force de propulsion sur un bras de levier plus grand. Cette évolution du Trébuchet à traction qui vient des Chinois, consistait à regrouper un certain nombre de personnes pour tirer sur des cordes attachées à un Bras de Levier plus court.
Le plus petit Trébuchet à traction pouvait être animé par le poids et la force de traction d'une personne utilisant une seule corde, mais la plupart étaient conçus et dimensionnés pour être manœuvrés par 15 à 45 hommes, en général deux servants par corde.
Cette Catapulte Trébuchet possède une verge longue de 8 à 12m, avec un contrepoids pesant de 8 à18 tonnes. Le Trébuchet peut projeter un boulet de piere taillée d'un poids de 80 Kg à 100 Kg, d'une cadennce de tir d'un à deux projectiles par heure. La distance de tir est de 80 m avec 4 à 8 servants et jusqu'à plus de 200m avec 60 servants.
Catapulte "Trébuchet"
installée sur la terre ferme |
Catapulte "Trébuchet" |
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Catapulte "Trébuchet" |
Catapulte "Trébuchet" |
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Le Trébuchet, par son mouvement brusque, saccadé, était efficace pour lancer les projectiles par-dessus de hautes murailles, avec une grande précision sur des combles, mais il ne pouvait faire décrire au projectile une parabole très allongée se rapprochant de la ligne horizontale.
Le Trébuchet à bras flottant est une variante plus récente du Trébuchet. La principale différence réside dans le fait que, plutôt que d'être fixé à la structure, l'axe est monté sur des roues qui se déplacent sur une trajectoire parallèle au sol. Cela se traduit par un mouvement du contrepoids selon un trajet plus court, lorsqu’il bascule vers le bas, ce qui augmente la quantité d’énergie communiquée au projectile et rend la propulsion plus efficace. Le plus souvent, on oblige le contrepoids à tomber verticalement en le guidant dans une fente verticale, s’assurant ainsi qu'il n'y aura pas de mouvement de va-et-vient pendant une partie du processus de lancement.
C) Catapulte dite « Mangonneau »
La catapulte Mangonneau fut en usage du XIIe siècle au XIVe siècle. et pouvait tirer dé boulets de piere taillée pesant 100 Kg, avec une cadence de tir d'un projectile ou deux par heure. La portée du tir est de 100m avec 12 servants.
Bien que très ressemblant au Trébuchet, le Mangonneau était une machine bien plus complexe et précise. Tout d'abord, le système pour ramener la verge au niveau du sol était formé par deux roues où venaient prendre place des hommes ; ces roues étaient reliées à l'extrêmité de la verge par des cordes passsant dans des poulies.
Une fois la verge en place, le chargeur plaçait le projectile dans un panier accroché par deux cordes, de cinq à six mètres, à l'extrêmité de la verge. De l'autre côté, une quinzaine d'hommes exerçaient une traction sur les cordes les reliant au contrepoids. Dès que le tireur libérait la verge, le poids redescendait, entraînant la verge et le panier.Dès que la première corde de ce dernier prenait du mou, elle se détachait et libérait le projectile.
La distance de Tir est réglé par ces hommes qui faisaient traction sur le contrepoids. Plus la traction était forte, plus la verge remontait plus rapidement et plus le poids étaient libéré tardivement. Ainsi, plus le poids partait vite, plus il allait loin.
Catapulte "Mangonneau" |
Catapulte "Mangonneau" |
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Le tir du Mangonneau pouvait se régler beaucoup mieux en hauteur et en distance que celui du Trébuchet, parce qu'il décrivait un plus grand arc de cercle, c'est-à-dire une parabole très allongée se rapprochant de la ligne horizontale, et qu'il était possible d'accélérer son mouvement.
Au combat, le mangonneau lançait des pierres, et des engins incendiaires ou tout autre objet disponible pour l'attaque et la défense. Parmi les projectilesles plus insolites on comptait les cadavres, et les carcasses souvent en partie décomposées, d'animaux ou d’hommes, utilisés dans le but d’intimider, de démoraliser les assiégés et de propager des maladies parmi eux. Cette tactique s’est souvent révélée efficace. Ses frappes puissantes mais imprévisibles, étaient mieux adaptées à la destruction des cibles de grande dimension et non mobiles tels que les bâtiments ou les murs.
D) Catapulte dite « Couillard »
Le couillard est un engin mimitaire offensif, utilisé au Moyen-Âge pour détruire les fortifications. Il fut en usage du XIVe siècle au XVIe siècle, tirant des boulets de 35 à 80Kg à 180m, d'une cadence de tir pouvant atteindre10 projectiles à l'heure, avec de 8 à 16 servants. On imagine aisément les ravages que pouvait provoquer un tel engin fonctionnant jour et nuit.
Cet engin est composé d'une longue perche placée sur un axe. A l'une de ses extrémités, on trouve deux huches ou bourses (d'où son nom) servant de contre-poids. Les projectiles (boulets, parfois cadavres d'animaux malades pour contaminer les réserves d'eau de la place assiégée) sont placés à l'autre extrémité de la perche, dans un réceptacle rappelant une Fronde.
Le tir du mangonneau pouvait se régler beaucoup mieux en hauteur et en distance que celui du Trébuchet, parce qu'il décrivait un plus grand arc de cercle, et qu'il était possible d'accélérer son mouvement.
« Catapulte "Couillard" avec ses deux contrepoids » |
« Catapulte "Couillard" |
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On abaisse l'extrémité où se trouve le réceptacle au moyen de cordes, puis on place le projectile dans la fronde et on relâche le tout. La portée d'un tel engin dépassait la centaine de mètres pour atteidre 180m.
De nos jours, quelques couillards ont été reconstruits pour des reconstitutions, en France, à Larressingle dans le Gers ou au Château de Calmont d'Olt dans l'Aveyron, à Provins en Seine-et-Marne, au château de Largentière en Ardèche et aux châteaux des Baux-de-Provence et de Tiffauges où le couillard effectue quotidiennement de véritables tirs de démonstration.
C'est la Machine à contrepoids la plus perfectionnée. Ses deux Huches faclitent la manutension en divisant par deux les charges à manier. La construction s'en trouve simplifiée : un seul poteau suffit (Engin très massif avec 5m de long et 2,5 de large ; Mât érigé de 8,40m, pouvant être facilement déclenché avec un seul servant). Celui-ci est parfois solidement planté dans le sol ou plus souvent sur un châssis en bois. Les contrepoids des premiers Couillards étaient des grands sacs en cuir rempis de terre. plus tard ils furent remplacés par des Huches en bois et en fer riveté remplies de métal. Leur poids variait de 1,5 à 3 tonnes.
Les performances des Couillards sont inférieures aux Trébuchets mais sa cadence de tir, 5 à 6 fois supérieure, avec une équipe très réduite, lui a permis pendant longtemps de concurrencer l'artillerie à poudre.
Comité des Maîtres d'Arts Martiaux TRỊNH Quang Thắng. |